Troisième des opéras de Haendel inspiré par l’Arioste, Orlando est aussi celui qui s’éloigne le plus des contraintes de l’opera seria : moins d’arias da capo mais une succession d’ariosos, de récitatifs, de scènes d’ensemble qui en font une des oeuvres les plus séduisantes du corpus haendélien. Il faut dire que, pour cette production du Théâtre de la Monnaie, René Jacobs nous semble avoir bel et bien réinventé Haendel par son goût des contrastes de sonorités et des tempi, par un sens de la couleur orchestrale (avec l’emploi de la guitare, du luth, et des percussions). Et le tout est servi par une distribution exemplaire qui arrive à finement individualiser les cinq rôles principaux de l’opéra, ne les réduisant jamais à une dimension comique ou tragique mais jouant sur ce qui fait l’originalité singulière d’Orlando, le mélange des genres qui annonce Mozart.