Le temps a rendu justice au chef-d’œuvre qu’est Serse, devenu, avec Giulio Cesare, le plus populaire des opéras de Haendel. Dans cette oeuvre qui s’approche du genre « opéra vénitien », on trouve effectivement le mélange des genres – le rire embué d’émotions – qui annonce déjà le Mozart des Noces de Figaro. Serse, tout comme Flavio, Agrippine, Parthénope ou Orlando, montre à quel point Haendel pouvait exceller dans la vis comica et exceller dans la concision : il n’est pratiquement pas d’airs qui excèdent les trois minutes… Cette production du festival de Dresde, cuvée 2000, est d’un grand raffinement musical. Christophe Rousset fait ressortir à merveille toutes les richesses d’une partition qui est une des plus belles de tous les opéras de Haendel. Un léger sentiment de frustration toutefois du fait du parti pris de mise en scène « en noir et blanc » de Michael Hampe, qui tire un peu trop uniformément le récit vers la nostalgie.