Cette production du Festival de Glyndebourne fut une étape importante dans la redécouverte de Haendel. Peter Sellars parvient magistralement à restituer dans un contexte moderne l’histoire, racontée à l’origine sous la forme d’un oratorio, de la martyre chrétienne Theodora. Il est en cela aidé par un plateau réunissant deux magiques interprètes du baroque retrouvé : Dawn Upshaw et Lorraine Hunt. Et une direction inspirée de William Christie jouant sur l’alternance des plages d’obscurité et de lumière qui font la magie de l’oeuvre. Peter Sellars a, comme chaque fois, chorégraphié la diction (à la manière des muets, le mot est représenté par un geste) et l’effet trouve, entre Lorraine Hunt et le choeur, une justesse rituelle qui souligne chaque inflexion du chant. Même quand s’installe un air qui fige le soliste dans son récit et le chœur dans l’écoute, le dépouillement et le soin musical donnent au tableau une force propre.