Lorsqu’en 1824, Pouchkine entreprit avec Boris Godounov l’élaboration de son premier drame historique, il ne savait que trop à quel colosse il s’attaquait. C’est armé d’une lecture de Shakespeare qu’il se mesura au règne fulgurant du Tsar de toutes les Russies (1598-1605). De fait, il y a du Macbeth dans cette fable politique, où Boris voit ressurgir, sous la forme d’un imposteur, le spectre de l’enfant qu’il avait fait assassiner pour conquérir le trône. S’emparant de ce poème épique, Moussorgski compose une réflexion sur la solitude du pouvoir, un drame populaire dont le véritable protagoniste est le peuple russe, avec son lot de souffrances éternelles. Déjà, Pouchkine s’interrogeait : « Qu’est‑ce qu’une âme ? Une mélodie, peut‑être… » Ivo Van Hove, habitué des grandes fresques politiques, signe sa première mise en scène pour l’Opéra de Paris.