J'ai rencontré Greg dans un bar à New-York en décembre 1989. Il a proposé de me loger. Il m'a donné son adresse, tendu ses clés, puis il a disparu. J'ai passé la nuit seule dans son lit. Plus tard, je l'ai appelé de Paris pour le remercier, il a proposé de me rejoindre et m'a donné rendez-vous le 20 janvier 1990, aéroport d'Orly, neuf heures. Il n'est pas venu. Le 10 janvier 1991, à dix heures, le téléphone a sonné : "C'est Greg Shephard, je suis à Orly, j'ai un an de retard. Voulez-vous me voir ?" Cet homme savait comment me parler. Il rêvait de faire du cinéma. Je rêvais de traverser l'Amérique avec lui. Pour l'inciter à me suivre, j'avais proposé que nous réalisions durant le voyage un film sur notre vie de couple. Il avait accepté et, le 3 janvier 1992, nous quittions New-York dans sa cadillac en direction de la Californie. Au départ de New-York, leur relation s'étant dégradée, le couple ne s'adresse plus la parole. De ce manque de communication naît l'idée de se munir de deux caméras vidéo et de les utiliser comme un confessionnal en racontant - chacun de son côté, et de manière privée - à sa caméra tout ce qu'il ne peut dire à l'autre.