Ce 6ème volet des « Cinexpérimentaux » contient par ailleurs deux films du cinéaste très éloignés dans le temps et dans la conception, réalisés le premier en 1956, le second entre 1992 et 1994. Le court "Des hommes qui ont perdu racine" est du Peter Nestler avant la lettre, mais à la différence de l’Allemand, sur le document brut (images en noir et blanc de familles hongroises misérables réfugiées en Basse-Autriche), Hanoun, déjà tiraillé, applique une couche épaisse de pathétique (la musique, la gravité du commentaire). Le second film, tourné en vidéo, "Je meurs de vivre", en apparence bressonien (mêmes dolorisme et sévérité, mêmes découpes du corps en gros plans), raconte « l’histoire » d’un moine et d’une bonne sœur qui s’aiment sans pouvoir consommer leur amour. Le film hésite constamment entre la pose et la contemplation, la peinture et le cinéma, la vitesse et l’épuisement des plans fixes, la chair et l’esprit, et part finalement dans tous les sens. Typique, je crois, du cinéma de Marcel Hanoun, qui n’est pas tant difficile que fortement symbolique, traversé de signes, de références, et qui demeure insaisissable. Hanoun existe-t-il ?