On n’y vient pas par hasard, mais on peut y naître. Dans une vallée tout contre les Pyrénées, Tardets est la capitale de la Haute-Soule, la plus petite des provinces du Pays Basque. C’est aussi le village dans lequel nous avons passé «nos années collège». Nous, c’est à dire moi et mes anciens camarades de classe. Je suis partie, la plupart sont restés. Il y a le sport, la famille, les amis. «Être là nous suffit» semblent ils me dire. Alors que tous ne sont pas nés ici, qu’ils ont bougé pour leurs études, que des familles se sont séparées, ou qu’ils ne parlent pas la langue, dans nos discussions je découvre qu’il y a là quelque chose d’autre qui les attache à ce territoire, un lien ancestral. Ils ont tous 23 ans, mais en faisant le portrait de cette génération, je me rends compte que ce qui les ancre ici, c’est un lien intime et sensible au territoire, comme s’ils avaient toujours été là. Sortir, chanter, danser, marcher. Au delà des rituels et des traditions qui rythment leur vie, au delà de l’identité forte et évidente du Pays Basque, ils habitent les paysages qu’ils me font traverser.