Et c’est bien là le paradoxe de Trovatore, qui passe aux yeux de ses détracteurs pour le comble du mélodrame, mais dont les contraintes formelles imposées par la plume de Cammarano attisèrent la flamme du compositeur. Plus que des personnages - seule Azucena la Gitane, qui détient le secret qui les anéantira tous, fait peut-être exception -, les airs dessinent des figures consumées par des passions confinant à l’abstraction. Du second rôle que Verdi lui destinait initialement, Leonora accède ainsi au statut d’héroïne sacrificielle, dont la cavatine du quatrième acte, ≪ D’amor sull’ali rosee ≫, est moins un adieu qu’une assomption.